CÉLASTRALES

CÉLASTRALES
CÉLASTRALES

Les Célastrales constituent un ordre de plantes dicotylédones, comprenant une dizaine de familles répandues surtout dans les régions tropicales. Seuls le fusain (Célastracées), le houx (Aquifoliacées) sont communs en Europe occidentale.

Le fusain d’Europe

Le fusain d’Europe ou «bonnet de curé» (Euonymus Europeus ou E. vulgaris ) est un arbrisseau fréquent dans les haies et les bois. Il doit son nom vulgaire à ses fruits rouges, ornés de quatre côtes saillantes rappelant la barette des curés (fig. 1).

Les tiges ligneuses, de section carrée, portent des feuilles opposées, ovales, à bord denté, à stipules caduques. Les fleurs, discrètes, petites et blanchâtres, sont groupées en inflorescences, petites cymes de deux à cinq fleurs; celles-ci sont régulières (fig. 2), de type quatre (cinq chez E. latifolia ). Le réceptacle, très plat, porte en alternance sépales, pétales et étamines, ces dernières étant fixées sur un bourrelet glanduleux nectarifère, le disque, qui recouvre en partie le pistil; ce dernier comprend un ovaire supère que termine un court style et des stigmates libres. La cavité ovarienne est divisée en quatre loges ou carpelles contenant chacune deux ovules renversés (anatropes), insérés sur la paroi médiane (placentation axile).

Les insectes, attirés par le nectar, sont les agents de la pollinisation. Le fruit, sec, est une capsule rouge; les graines, recouvertes d’un tégument rouge orangé, l’arille, contiennent un albumen abondant et un embryon chlorophyllien, droit. Les oiseaux en effectuent la dissémination.

Il existe environ 70 espèces d’Euonymus répandues surtout dans l’hémisphère Nord. Certaines sont ornementales (E. Japonica à feuilles persistantes et souvent panachées).

Les rameaux calcinés d’E. Europeus donnent le fusain des dessinateurs.

Les Célastrales

Le type floral diffère peu de celui rencontré chez le fusain. Les fleurs, petites, de type quatre ou cinq, souvent unisexuées par avortement des étamines ou du pistil (fig. 3), présentent un disque nectarifère parfois peu développé (houx), parfois recouvrant au contraire presque tout l’ovaire, mais rarement absent (Icacinacées). Les étamines en nombre égal aux pétales (isostémonie) alternent avec ceux-ci. L’ovaire est toujours supère, formé de trois à cinq carpelles; il ne contient que quelques ovules anatropes apotropes (épitropes chez les Icacinacées).

L’appareil végétatif, les inflorescences, les fruits sont très variables. Les Célastrales sont des arbres, des arbustes, des lianes (Hippocratéacées), plus rarement des herbes. Les feuilles sont soit alternes (Aquifoliacées, Icacinacées), soit opposées (Salvadoracées), stipulées ou non. Les inflorescences sont diverses: cymes, épis, parfois ombelles ou capitules. Les fruits sont secs (capsules et samares) ou charnus (drupes et baies). Les graines sont exalbuminées chez les Salvadoracées.

Notons que le type floral est particulièrement variable chez les Hippocratéacées.

Écologie et biologie

Si certaines Célastrales sont cosmopolites (Aquifoliacées, Célastracées), l’ordre se cantonne surtout dans les régions intertropicales. Les Stackousiacées, localisées en Australie, sont, contrairement aux autres familles, des plantes herbacées, grêles, souvent annuelles, constituant parfois des coussinets.

Parmi les Aquifoliacées, le houx (Ilex aquifolium ) est un arbre ou un arbuste à feuilles persistantes, coriaces, épineuses, dont les drupes rougissent en automne. On le rencontre à l’état sauvage dans les sous-bois de hêtres ou dans les haies. Son bois sert en ébénisterie et son écorce à préparer la glu des oiseleurs.

Le genre Ilex est ancien; on en rencontre des restes fossilisés à partir du Cénomanien. Cette ancienneté permettrait d’expliquer, par les changements climatiques auxquels la plante a été soumise, sa structure xérique et surtout son rythme biologique, en particulier sa défoliation indépendante des saisons.

Les feuilles de certaines Célastrales contiennent un alcaloïde, la caféine; infusées, elles donnent une boisson stimulante: le khat d’Arabie (genre Catha , Célastracées) et, en Amérique du Sud, le maté (genres Villaresia , Icacinacées, et Ilex , en particulier I. Paraguariensis ).

Les fruits sont souvent âcres et purgatifs.

Le bois de plusieurs espèces: fusain (Célastracées), d’Ilex (Aquifoliacées), d’Apodytes (Icacinacées) est utilisé. Les tubercules et les graines d’Humirianthera et d’Icacina senegalensis (Icacinacées) fournissent des amidons. Les feuilles et graines de Dichapetalum sont très toxiques. Elles sont employées en Afrique comme raticides et entrent aussi, dans certaines régions, dans la composition de poison de flèches. D. cymosum des prairies d’Afrique du Sud peut avoir de désastreux effets en empoisonnant le bétail. Le principe actif est de l’acide fluoroacétique qui intervient dans le cycle respiratoire.

Relations phylogénétiques

Ce sont les fleurs régulières, de type quatre ou cinq, à étamines épisépales, isostémones, le disque, l’ovaire supère, les ovules anatropes apotropes qui caractérisent l’ordre des Célastrales.

Wettstein (1935) et Emberger (1960) le rapprochent des Rhamnales (vigne) dont il ne diffère que par les étamines épisépales. Emberger l’intègre dans son phylum des Térébinthales-Rubiales, à l’intérieur duquel il se distingue par le nombre et la place des étamines, l’absence d’appareil sécréteur, les graines albuminées.

Pour Engler-Melchior (1964), cet ordre, ainsi défini, correspond aux Célastrinées et Icacinacées, sous-ordre des Sapindales. Cet auteur y ajoute cependant quelques autres familles, considérées par Emberger comme des Térébinthales à tendance de Célastrales (embryologie, structure des ovules, graines albuminées); un tel rapprochement renforce la parenté entre les deux ordres.

Pour Hutchinson (1959), cet ordre, plus vaste, groupe une vingtaine de familles; en sont issues les Rhamnales, les Olacales et Sapindales.

Les Célastrales sont apparentées aux Rosales, Sapindales, Rhamnales, Euphorbiales. Sapindales et Célastrales sont très proches. Les premières sont à feuilles composées ou très lobées, les secondes portent des feuilles simples. Les deux ordres dériveraient (Cronquist) probablement d’une souche commune à rechercher parmi les Rosales. Célastrales et Rhamnales sont également affines, les étamines sont alternipétales chez les premières, épipétales chez les secondes.

À l’intérieur des Célastrales, cinq familles (Célastracées, Icacinacées, Aquifoliacées, Hippocratéacées, Dichapétalacées) groupent près de 98 p. 100 des espèces. Les quatre premières sont étroitement apparentées. La famille des Staphyléacées a été transférée de l’ordre des Célastrales à celui des Sapindales. Enfin, la famille des Dichapétalacées formerait un maillon entre les Célastrales et les Euphorbiales; elles en dériveraient par réduction florale.

célastrales [selastʀal] n. f. pl.
ÉTYM. D. i. (XXe); du grec kêlastra « nerprun », et -ales.
Bot. Ordre de plantes angiospermes, dicotylédones dialypétales, comprenant plusieurs familles : célastracées, ilicacées, rhamnacées, vitacées (ampélidacées), généralement arbustives ou arborescentes.Au sing. || Une célastrale.
tableau Les grandes divisions en botanique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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